la centaine et unième...
Notre lettre d'amour pour la peinture avait un nom, et ce nom était comme un signe, quelque chose qui ne restait pas : un nuage qui se transformait, une couleur cherchant le lissage parfait, le pinceau en revenant parfois sans cesse au même endroit : rajoutait-il une erreur, oui ce besoin de figuration avait un nom : le langage de la peinture saisissait l'homme qui, dans une sorte de bonheur, voulait parvenir à un but : il figurait son expression, disait à travers les corps une déchirure ? un frôlement ? une jouissance ? Qu'était-ce décidément ?
Le peintre jamais satisfait ne partait pas pour un jour une toile, chaque jour, une nouvelle chose, la toile blanche semblait le rester longtemps, qu'est-ce qui le décidait soudainement ? Pourquoi le silence s'éternisait-il ?je faisais un tri en m'interrogeant sur cette vie pour l'Art, ce n'était pas banal, la pression exercée par l'artiste, et par son Art, ainsi, il lui fallait l'endroit de l'isolement, c'était une chose d'assurée, le lieu de la création se retrouvait à la limite d'un autre monde, le monde du cerveau, le silence représentait alors beaucoup, comme le silence d'une forêt peuplée de ces bruits innocents d'animaux minuscules ou plus gros, melns montait dans le haut de la maison, son atelier avait connu tous les étages : je compris qu'il avait recherché ce silence, un semblant d'isolement loin des cris des enfants et de leurs vivantes occupations.